Un simple besoin de changement { Libre }

Une journée supplémentaire était sur le point de s’achever. Enfin non, la nuit n’allait pas pointer son nez avant encore quelques heures mais l’épais rideau de nuages qui recouvrait toute la ville depuis le midi ne laissait pas vraiment l’occasion au soleil de diffuser sa chaleur ni sa clarté sur le centre ville et ses alentours. Pour moi c’était la fin de la journée, n’ayant strictement rien de passionnant à faire après les cours, ni personne avec qui passer la soirée. Comme d’habitude. Cela ne me dérangeait pas plus que ça, n’aimant pas spécialement faire la fête jusqu’à pas d’heure. Cette solitude ne me pèse pas constamment. J’apprécie ma tranquillité, ou tout du moins j’essaie de la rendre plus gaie que ce qu’elle n’est, c’est déjà ça. Mais aujourd’hui c’est différent. Je n’ai pas envie de rentrer chez moi pour n’avoir comme seule compagnie que mon reflet dans le miroir.

Je ne sais pas pourquoi mes pas me guidèrent jusqu’au stade où, en temps normal, je ne mets jamais les pieds. A quoi bon de toute manière ? Le sport, je n’ai jamais vraiment aimé ça. Non pas que je critique les sportifs, au contraire, je ne peux qu’être en admiration devant eux, n’ayant moi-même aucune prédisposition pour une quelconque pratique sportive. Et mon incapacité à faire du sport, enfin à en faire correctement ne date pas d’hier. Depuis ma plus tendre enfance j’ai montré des faiblesses dans ce domaine. Pourtant ce n’est pas faute de m’être acharnée durant les quelques heures par semaine de cours de sport dont je n’étais pas dispensée, mais malgré toute la bonne volonté que je mettais à la tâche, je du admettre que c’était un domaine où je n’excellerai jamais.

Une fois entrée dans le stade, je me dirigeai automatiquement vers les gradins, seul endroit où j’étais sûre de ne pas gêner ceux qui se démenaient sur le terrain. Seul endroit où j’avais réellement ma place. J’avais pris une place au dernier rang, ce qui restait tout de même assez près de la piste. Je déposai mon sac encore rempli des cours de la journée juste à côté de moi, sans pour autant en sortir quoi que ce soit. J’aurai certes pu continuer le livre que j’avais pris la peine d’emporter ce matin au cas où j’aurai eu un moment de libre ou alors sortir une feuille de papier blanche et commencer à gribouiller dessus comme j’aimais à faire pour me détendre. Je n’ai rien d’une artiste, je consens, mais il est plus facile pour moi de coucher certaine de mes émotions à travers des symboles, des dessins, des croquis, qu’à l’aide des mots. Je trouve ça plus personnel, étant la seule à connaître la signification que je donne à ce que je griffonne. Non, à la place je préférais faire le vide, chose que je m’accordais rarement, considérant ça comme une perte de temps pur et simple. Or pour moi chaque minute doit être utilisée à bon escient, la vie est bien trop courte pour être gaspillée.
Je posai mes mains sur le banc, légèrement derrière mes hanches, et penchait ma tête vers l’arrière. Mes muscles étaient encore un peu engourdis à force de ne pas bouger et ma tête pesait lourdement sur ma nuque. Puis doucement je me remis droite et fermai mes paupières.
Je n’étais accompagnée de personne et pourtant je ne me sentais pas seule, comme je le souhaitais. J’entendais d’ici la respiration saccadée de certains joueurs – j’ai toujours eu l’oreille très fine, bien plus fine que mes camarades, mais je n’ai jamais dit à personne que mon sens de l’ouïe était très développé.
Au bout de quelques secondes, je rouvris les yeux. Le vent s’était levé. Un vent froid mais pas violent, juste assez fort pour faire onduler quelques mèches de mes cheveux autour de mon visage. Je frissonnais, mais je n’étais pas décidée à sortir la veste qui se trouvait dans mon sac, je n’avais pas envie de bouger, je préférais supporter le froid.

Combien de temps encore resterai-je là, à attendre tout simplement que le temps passe ? Honnêtement, je n’en savais rien, tout ce dont j’étais sûre c’est que je ne voulais pas rentrer chez moi, bien que j’y serai forcément contrainte à un moment où à un autre. Je voulais retarder l’échéance autant que possible, et étonnement, cette envie était de plus en plus fréquente ces derniers temps.